ÉRASME JOSÉPHINE AMIEL
Est né à Paris, le 19 mai.
Est âgé de 23 ans

Je suis...
Désaxée
Sulfureuse
Névrosée
Intelligente
Rêveuse
Autonome
Observatrice

PRÉNOM(S) & NOM; Érasme Amiel.
DATE & LIEU DE NAISSANCE; Née le 19 décembre à Paris.
ÂGE; 23 ans.
TRAITS DE CARACTÈRE; De ce que je me souviens d’elle... Épanouie, intelligente, observatrice – tout comme moi –, sérieuse, radieuse.
SON HISTOIRE; La même que la mienne, je suppose. Sauf qu’elle n’a jamais vécu la mort de Lucas et Jules, l’alcool, la pitié, toutes ces horreurs qui ont fait celle que je suis aujourd’hui.
RELATION AVEC VOTRE PERSONNAGE; β Érasme est différente. Extrêmement différente de moi, et pourtant, elle me ressemble comme jamais personne ne m’a ressemblé. Dans ses yeux, la même curiosité, la même intelligence, mais tellement moins d’effroi. Elle vit la vie dont j’ai rêvé, une vie où mon frère et ma sœur ne sont pas morts, où je n’ai pas sombré dans l’alcool, où je n’ai pas raté ma vie. Elle est le miroir qui me montre tout ce qui m’a été enlevé. Je pourrais la haïr pour ça, la haïr pour avoir eu une vie si heureuse, pour avoir pu s’épanouir alors que moi, son double, ne faisait que m’enfoncer dans le noir. Et pourtant, je ne la haïe pas. Je sais, je sens, qu’elle est la seule personne, la seule au monde peut-être, qui pourrait un jour me sauver, me faire renaître. J’ai très envie de la revoir, d’apprendre à connaitre celle que j’aurais pu devenir. Celle que je suis, peut-être, quelque part en moi.

PSEUDO OU PRÉNOM; dangerous.mind
ÂGE & NIVEAU SCOLAIRE; 13 ans et plus qu’un an et demi à tenir au collège !
COMMENT AVEZ-VOUS DÉCOUVERT LE FORUM? Par Bazzart.
ET POURQUOI VOUS ÊTRE INSCRIT? Parce que je n’avais jamais vu un aussi bon contexte et qu’en plus, le scénario m’a tapé dans l'œil !
COMMENTAIRES OU SUGGESTIONS; Tout est parfait ;D

Dans le cas où mon personnage prenait une grande importance sur le forum et que je le quitte pour une raison ou une autre, j'accepte qu'il soit transformé par l'équipe administrative de Doppelgänger en personnage prédéfini. Ceci facilitera la situation pour les membres qui auront une relation avec mon personnage.

Les crédits seraient alors adressés à dangerous.mind.

Certaines personnes ont le pouvoir d’anéantir tous les malheurs du monde en souriant.

Maman ne rentre pas ce weekend. C’était une petite phrase très entendue quand j’étais petite. Quoi que, pas plus entendue que Papa ne rentre pas ce weekend. En fait, je pense que les deux se valaient. Aucun des deux n’était jamais là. Mais vous savez quoi ? Ça m’allait très bien. Papa et maman étaient des personnages secondaires, en toile de fond, de ceux qui passent de temps à autre pour déposer un gros chèque histoire de nous nourrir pendant quelques temps et s’envoler à nouveau pour une quelconque destination. Je ne connaissais que leur nom – papa et maman, naturellement – et parfois, leur voix distraites et de passage, leur tête d’adulte en plein travail. Ils étaient en filigrane dans ma vie, de ma naissance jusqu’à mon adolescence.
Ce n’était pas une contrainte de toute façon. J’avais une vie parfaite, j’étais loin d’être seule et abandonnée. Oui, j’avais Jules et Lucas, ma sœur et mon frère, tous deux bien plus âgés que moi – quinze ans de plus pour Jules et dix-huit pour Lucas. Tellement plus âgés donc, qu’ils sont vite devenus à mes yeux comme des papa et maman de substitution. Mais en même temps, ils restaient mon frère, ma sœur... Et malgré l’immense différence d’âge, nous étions très complices. Ils n’étaient ni vraiment des adultes ni vraiment des enfants ; ils étaient tout simplement la perfection incarnée pour la gamine que j’étais. À l’école, à la maison, je faisais tout mon possible pour être aussi parfaite qu’eux. J’étais très éveillée, vive, observatrice – déjà. Le monde me semblait beau.

On dit que la fragilité de la vie est ce qui la rend magnifique... jusqu’à ce qu’on ait gouté à cette fragilité.

« Amuse-toi bien !, m’a lancé Jules lorsque je suis descendue de la voiture.
– J’y manquerai pas !, ai-je répondu avec un clin d'œil. A demain ! »
J’ai claqué la portière, Jules m’a fait un grand sourire et Lucas un joyeux signe de main. J’ai souris à mon tour et je me suis éloignée, sans même regarder la voiture qui disparaissait au loin. J’ai sautillé vers la maison de mon amie. J’avais treize ans, la soirée s’annonçait géniale. Une pyjama party, imaginez ! On était six, on a envahi le salon de l’organisatrice, regardé la télé jusqu’à pas d’heure en nous gavant de pop-corn, rigolé comme les ados débiles que nous étions. Nos discutions étaient futiles. Genre, « Woaaa, comme il est canooon lui ! » ou encore « Nan mais sé-ri-eux, vous iriez TROP bien ensemble ! ». Ambiance potins and co quoi. C’était chouette. Très amusant. Quand j’y repense, ç’aurait dû être une des meilleures soirées de ma vie.
Mais le lendemain matin, au fil et à mesure que les autres invitées partaient, j’ai commencé à avoir peur. J’avais confiance en Jules et Lucas, je savais qu’ils ne feraient aucune connerie. Mais, quand il a été treize heures – soit deux heures après l’heure à laquelle ils auraient dû arriver – les parents de mon amie ont voulu appeler chez moi. Où ils sont tombés sur cette vieille folle de voisine Cruella – celle qui était sensée me garder en l’absence de mes parents. Et cette idiote a dit ne pas avoir de nouvelles. Ils allaient raccrocher lorsque la voisine s’est reprise et a dit que les policiers venaient d’arriver chez elle – ou un truc de ce genre. Quoi qu’il en soit, quand les parents de mon amie ont raccroché, leur regard a changé sur moi. Compassion. Pitié. Et j’ai su, j’ai su que désormais, je devrais m’habituer à ce genre de regard.
La voisine Cruella est venue me chercher. Elle ne m’a pas amenée à l’hôpital. Elle ne m’a pas amenée au commissariat. Il a fallut que ce soit le policier resté à la maison qui me mette au courant : Jules et Lucas étaient morts. Un accident de voiture, au rond point quelque kilomètre avant la maison de mon amie à peine. Ils avaient percuté un morceau du tournant en voulant laisser passer une moto, et alors qu’ils reprenaient leurs esprit suite à la secousse, un camion les avait emboutis. Enfin, emboutis... Démolis serait plus exact. Ils étaient morts, morts en venant me chercher, moi. Foutue soirée pyjama. Foutu camion, foutu rond point. Ils m’avaient tout volé.

L’escalier des Enfers eut une allure de pente.

Mes parents sont revenus le matin de l’enterrement et repartis le soir-même. Ma mère est rentrée deux mois plus tard – sans se presser, à vrai dire. Et les jours se sont enchainés doucement. Je me suis mise à boire, oh, un peu. Puis de plus en plus. J’étais de moins en moins souvent à la maison, j’ai cessé de voir mes amies. Avant même d’avoir quatorze ans, j’ai commencé à jouer au jeu de la pièce lors de diverses fêtes – un contre un, on vise un verre de bière plein avec une pièce, et si on le rate, on se l’enfile cul sec. Je suis devenue de plus en plus résistante à l’alcool. C’était la fête tous les samedis, puis tous les dimanches aussi, j’y étais toujours, même quand je ne connaissais personne. Je fumais un peu, buvais beaucoup, me déhanchais bien. J’étais pas forcément consciente de tout, je perdis ma virginité dans le flou, un peu après mes quatorze ans. Je me suis mise à me maquiller, à porter des bas maillés, des jeans troués, des jupes aux airs de grosse ceinture, des talons hauts. Ma mère n’était rien, rien que travail et argent, argent avec lequel je me suis vite mise à moi-même organiser des soirées lorsqu’elle n’était pas là. Au fil du temps, je touchais à tout, couchais avec tout le monde. Les études ? Arrêtées en milieu de troisième, le jour où j’ai dégueulé mon Jack Daniel’s en cours. Ma mère ne l’a pas très bien pris. Et j’en avais strictement rien à foutre.

La photographie est une brève complicité entre la prévoyance et le hasard John Stuart Mill.

J’ai volé un appareil photo. C’était en discothèque, j’avais seize ans. Je l’ai volé et je suis sortie précipitamment, j’avais peur d’être prise. Et je me suis retrouvée là, au milieu de la rue froide, avec mes chaussures qui faisaient mal au pieds et mes fringues peu chaudes. J’ai marché, erré, l’appareil à la main, puis j’ai enlevé mes talons et je les ai laissé sur l’asphalte. Entre les enseignes lumineuse, dans le silence, aucune voiture. Une paire de chaussures délacées au milieu de rien, de tout. J’ai rapproché l’appareil de mes yeux de mes mains tremblantes et j’ai appuyé sur le bouton. Clic. La photo s’est affichée sur le petit écran. Et, juste sous mes yeux, le flou du monde s’est brutalement mué en une netteté parfaite. L’appareil est alors devenu comme une vitre protectrice, rassurante, entre moi et le monde.
J’ai continué à prendre des photos – dès que j’étais assez sobre pour ça. Mais même quand je n’y voyais plus clair, quand je n’y voyais plus rien du tout, j’appuyais sur le petit bouton réparateur. Je ne comprenais peut-être pas, mais je voyais autrement. J’ai continué d’aller en soirée, boire, fumer, mais maintenant, je photographiais. La lumière crue du flash sur la cuvette salopée des toilettes. A dix-sept ans, j’ai commencé à bosser dans les bars, je ne revenais presque plus chez ma mère.
« Maman, j’me casse.
– Et pour aller où ?
– A New York. J’ai payé le billet avec tes sous, ai-je lancé dans un souffle de fumée.
– Très bien ! Casse-toi, Érasme, casse-toi. Mais maintenant, il va falloir apprendre à vivre par tes propres moyens.
– Compte là-dessus. »
Et je suis partie. J’avais dix-neuf ans, j’ai pris le premier vol pour la Grosse Pomme, avec mon petit Eastpack sur le dos... et le portefeuille de ma mère. Non mais.

New York, New York, tu as tant changé.

Quatre ans. Quatre ans que je vis à NY, dans un des immeuble en loques du Bronx. Quatre ans à ramer, parce que le portefeuille de ma mère, après qu’elle ai bloqué sa Visa, n’a tenu que deux semaines. Alors il a fallut que je bosse. J’enchaine les boulots de Barmaid dans n’importe quel pub de la ville, et continue d’aller en soirée. Quoi que, de moins en moins, parce que j’ai pas trop le temps. J’ai un peu ralenti sur l’alcool, vite remplacé par la cigarette – à plein temps. Je continue à photographier, me défonce pour trouver de quoi faire les impressions, trouver des galeries qui voudraient bien m’exposer. Mais avec un petit salaire comme le mien, et aucun diplôme – pas même le BAC –, c’est compliqué. Très compliqué. Si bien que j’ai fini par prendre un deuxième boulot en plus de celui de onze heures du soir à cinq heure du matin au bar, un de cinq heures et demie à huit heures en discothèque... à récurer les chiottes.

Puis il y a eu les Doppelgängers. Ils sont arrivés, comme ça, d’un coup. Comme un miracle. La population terrestre a doublé, a totalement mis à l’épreuve la pauvre planète, l’économie, la diplomatie, la politique. Tout a été chamboulé. Deux fois plus de gens dans les rues. Le double de la concierge est avocate, celui de mon voisin a deux enfants. Tout m’est paru plus étrange depuis la rencontre des deux univers. Ainsi donc, une autre vie, quasiment similaire à la nôtre, vivait à l’ombre depuis toujours ? Il m’a semblé que ce choc entre ces mondes avait, l’espace d’un instant, fait toucher à l’être humain la raison de son existence. Et cet instant, le plus incroyable de l’Histoire, m’a bouleversée. Pour la première fois depuis très longtemps, j’ai voulu comprendre. Pourquoi les Doppelgängers étaient-ils là ? C’était autre chose qu’une expérience de la NASA, c’était bien plus grand – ça nous dépassait tous. Ceux de l’univers Bêta, comme on les appelait, étaient si semblables et si différents à la fois... Alors je me suis mise à les photographier, les capturer sur le papier, les comparer. Qu’est-ce qui les différenciait de nous ? Une vie différente, et c’était tout ? Quelques évènements pouvaient-ils à ce point faire changer deux existences, pourtant identiques ? Les Doppelgängers sont arrivés, l’un d’entre eux m’a pris mon travail à la discothèque, obligée à changer mes horaires au pub, ils ont amené avec eux une tonne de questions.. mais aussi, quelque part, une touche de magie, une chance inestimable de changer les choses, de les comprendre.

Quand le temps s’arrête.

Puis un jour, comprendre le pourquoi du comment des Doppelgängers n’a plus eu qu’une importance minime. C’était un jour absolument normal, un de ces jours d’une monotonie fade où le monde semble tourner beaucoup trop lentement – un jour pâle où croiser deux fois ce qui semblait être exactement la même personne ne me choquait plus. Je marchais dans un parc, pas loin du centre. Il y avait un peu de vent. Quelques pétales roses tombaient lentement sur la verdure. Il faisait assez beau sans tout à fait faire chaud. J’étais venue pour lire un peu, chose que je n’avais pas l’habitude de faire... mais je n’en eus pas l’occasion. Car je marchais vers un banc, et elle était là. Je l’ai reconnue immédiatement ; mon reflet dans un miroir, mais un reflet comme déformé, remanié. Elle était belle, radieuse, en robe bohème, au téléphone ; bien loin de moi et mes yeux cernés de noir, cernés tout court. Je me suis approchée, partagée entre la peur et la curiosité. Qui était-elle, qui était-elle vraiment ? Moi ? Une autre ? Elle m’a vue. Et puis il y a eu le cataclysme.
« Jules, je te laisse.
– Jules est vivante ? »
La question a traversé mes lèvres sans que j’ai pu y faire quoi que se soit. Jules était vivante, Jules et Lucas étaient là. D’un autre univers, mais là. Et dans cet univers, Érasme était une femme épanouie, radieuse. Mon double est parti, et dans mon bouleversement, je n’ai pu faire qu’une chose... Clic.